Ana Maria Arevalo Gosen, Lauréate 2020

Le jury de cette 9e édition a décerné le Prix Lucas Dolega à la photojournaliste vénézuelienne Ana Maria Arevalo Gosen pour son reportage « Dias Eternos » sur les femmes en prison au Venezuela


Le reportage

Dias Eternos

La misère économique actuelle au Venezuela, mélangée à la violence et au crime ancrés dans la société, est encore accentuée dans les centres de détention préventive. Les délais des procédures séparent des milliers de femmes de leurs famille et enfants pendant des mois voire des années.
Le système carcéral va au-delà de la limite de ce qui est considéré comme acceptable dans des sociétés où la démocratie fonctionne. Il y a des décès dus à la malnutrition, aux maladies infectieuses ou à des mutineries. Les bâtiments sont sévèrement surpeuplés. Les équipement sanitaires sont extrêmement précaires, et les familles doivent fournir les détenues. Il y a un manque d’assistance médicale. Dans ce contexte de privations, les détenues se trouvent dans des situations vulnérables.
Ce sont des femmes d’origine modeste. Leur histoire est marquée par des abandons familiaux, des abus sexuels ou des violence intra-familiales. Elles sont accusées de trafic de drogue, de vol, de port d’arme illégal, de kidnapping, association de malfaiteur, corruption de mineur, infanticide, terrorisme et cambriolage. Mais les causes d’incarcération s’étendent aussi à la sphère politique. La « loi contre la haine », votés en janvier 2018, interdit toute manifestation contre le gouvernement et a mis nombre de femmes derrière les barreaux.
Obtenir une deuxième chance est une idée récurrente pour l’immense majorité de ces femmes. Comment vont ces détenues — certaines des mères — continuer leur vie après leur remise en liberté et retrouver leur famille ? Et qu’est-ce que leur condition de vie nous dit de la crise vénézuélienne actuelle ?
Face à la terrible réalité du système judiciaire, le débat public et l’action politique — non seulement au Vénezuela mais partout dans le monde — doivent contribuer à changer d’urgence le système pénitentiaire, pour qu’il ne viole plus les droits de ces femmes.






Biographie

Ana Maria Arévalo Gosen (née à Caracas au Vénézuela en 1988) est une combattante pour les droits des femmes et son arme est le photojournalisme. Mélangeant la rigueur de ses recherches avec des histoire intimistes, elle veut avoir un impact positif à travers ses projets.
A cause de la crise au Vénézuela, Ana s’est installée à Toulouse en 2009. Elle a étudié les sciences Politiques (IEP) et la photographie (ETPA). Elle a été stagiaire à l’AFP à Paris où elle a acquis ses connaissances en photographie de presse.
En 2014, Ana s’installe à Hambourg et travaille en tant que photographe freelance. Elle est publiée dans Szene Magazin et Der Spiegel.
En 2016-2017, elle produit son travail le plus difficile: « Le sens de la vie » est une histoire intime, le combat de son mari contre un cancer des testicules. Aujourd’hui, ils l’utilisent pour attirer l’attention sur cette maladie. En 2017 et 2018, une exposition et une levée de fond ont eu lieu pour la recherche contre ce cancer.
Ses racines l’appellent en 2017, quand elle retourne au Venezuela, la source de son inspiration. Son premier long projet, « Dias Eternos », sur la condition des femmes en détention préventive et en prison à travers le pays, a remporté en 2018 une bourse Women Photograph et une bourse du Pulitzer Center. Il remporte la première place POY Latam, dans la catégorie « la force des femmes » et une mention honorable du PH Museum en 2019.
Il a été publié dans le New York Times, LFI, 6 Mois, El Pais, Wordt Vervolfd parmi d’autres, et exposé au Festival Manifesto à Toulouse. En avril 2018, Ana est invitée à participer à une conférence de défense des Droits Humains (FIU, Miami). Elle a l’intention de poursuivre ce travail dans le reste de l’Amérique Latine.
Elle vit à présent à Bilbao et passe de longues périodes au Venezuela.